
Il a relativement peu enregistré, un album avec le groupe The Blues Busters en 1986 puis un autre en 2003, mais Earl « The Pearl » Banks était une figure du blues de Memphis, en particulier sur Beale Street où il se produisait depuis… 1957 ! Banks est parti ce 7 août 2025 à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, après avoir vu sa santé décliner ces derniers mois mais il était encore actif l’an dernier. Il avait vu le jour le 17 mars 1936 à Germantown, dans le Tennessee. C’est aujourd’hui une banlieue sud-est de Memphis, mais à l’époque, cette région agricole était essentiellement constituée de champs de coton et de maïs qui s’étendaient à perte de vue. Quand Banks à quatre ans, son père installe sa famille à Rossville, une quinzaine de kilomètres à l’est de Germantown. Mais ses parents ne s’entendent pas, et peu après, sa mère retourne à pied avec son fils chez ses grands-parents qui vivent sur la plantation Kirby près de Germantown.

Peu après, à cinq ans, il se trouve pour la première fois au contact de la musique, quand son grand-père achète un piano avec l’argent qu’il gagne en fabriquant de l’alcool de contrebande. Earl s’intéresse vite à l’instrument, dans des conditions narrées par Alex Greene dans son article « Local Treasures: Earl the Pearl » pour Memphis Magazine du 15 novembre 2021 : « J’avais cinq ans quand mon grand-père a acheté ce piano pour ma tatie. Il l’a payé 100 dollars à l’époque. On est partis chercher le piano que nous avons ramené sur un chariot à la maison. Ma tatie n’a jamais essayé d’apprendre à en jouer, mais moi, si ! Un gars appelé Buddy Grimm nous rendait souvent visite, il jouait vraiment bien du piano. Et je restais là, debout, à le regarder. » Peu à peu, Earl parvient à jouer du piano, et à dix ans, il se débrouille pour accompagner l’homme-orchestre Joe Hill Louis et même… B.B. King !

En 1954, selon la Memphis Blues Society, il décide de s’implanter à Memphis pour se rapprocher de la scène de Beale Street dont il a entendu parler. Il commence à se produire localement dans différents groupes et se rend vite compte qu’il est souvent difficile de trouver des pianos à demeure dans les clubs. D’après Greene, il opte alors pour le changement : « Je me suis dit « OK, je vais jouer de la guitare ». Vers 1955 ou 1956, je suis allé chez O.K. Houck [vendeur de pianos à l’origine, puis d’autres instruments], où j’ai acheté une guitare et un ampli, ce qui m’a lors coûté 315 dollars. J’ai donc appris et je n’ai jamais cessé de jouer de la guitare depuis lors. » Il forme ensuite Banks & The Blue Dots, une formation qui comprend Mabon « Teenie » Hodges, alors âgé de douze ans et auquel il enseigne la guitare. Dans les années 1970, Hodges deviendra un pilier de la fameuse Hi Rhythm Section, en tant que guitariste mais surtout parolier, notamment pour Al Green.

Dans les années 1960 et 1970, Earl « The Pearl » Banks est très actif dans les clubs de Beale Street et des localités proches de Memphis, et il accompagne les meilleurs artistes en tournée, parmi lesquels Little Johnnie Taylor, Koko Taylor, Al Green, Rufus Thomas, Etta James, Little Milton, O.V. Wright, Syl Johnson et Willie Cobbs, sans toutefois enregistrer sous son nom. Mais, alors qu’il fait partie des Blues Busters, il est remarqué par David Evans et le groupe enregistre en 1986 pour le label High Water l’excellent album « Busted ». Banks joue apparaît ensuite avec des membres des Fieldstones, autre formation de grande qualité à Memphis, mais il attend 2003 pour signer un nouvel album, « Why Don’t You Do Right? », avec plusieurs membres de la Hi Rhythm Section dont Mabon « Teenie » Hodges ! En 2018, il participe à l’album de Robert Allen Parker « From the Crossroads to Beale Street ». Banks n’a jamais percé à l’international, mais sa sincérité, sa voix puissante et son jeu de guitare acéré et efficace incarnaient à la perfection le blues de Memphis. À écouter au Hard Rock Cafe, sur The thrill is gone au Murphy’s, sur I gotta move avec Damian « Yella P » Pearson au Blues City Cafe, sur Blow wind blow au Blues City Cafe, à Memphis bien sûr !
