
Il y a tout juste cinquante-cinq ans, le 25 avril 1970, James Brown entre en studio pour King et enregistre une chanson en deux parties, Get up (I feel like being a) sex machine. À l’époque, le chanteur a déjà derrière lui quinze ans de carrière qui l’ont hissé au firmament de la musique funk. Mais Sex machine, car on l’appellera vite ainsi, est peut-être bien son titre le plus populaire, le plus connu, le plus repris (et pas seulement par des artistes de funk), et celui qui incarne le mieux son jeu de scène brûlant. Quelques mois avant l’enregistrement, plusieurs membres de son groupe l’avaient quitté pour de sombres histoires de gros sous. Notamment par l’entremise de son chanteur Bobby Byrd, présent lors des débuts de Brown au sein des Famous Flames en 1954, le Godfather doit recruter de nouveaux musiciens et fonde les J.B.’s en mars 1970.

Pour l’enregistrement de Sex machine le 25 avril 1970, la nouvelle formation se compose de James Brown (lead voc, p), Bobby Byrd (org, voc), Clayton « Chicken » Gunnells (tp), Darryl « Hassan » Jamison (tp), Robert McCollough (sax), Phelps « Catfish » Collins (g), William « Bootsy » Collins (b) et John « Jabo » Starks (dm). Outre les échanges vocaux débridés entre Brown et Byrd, les trois derniers cités sont incontestablement les grands artisans de l’irrésistible élan véhiculé par cette chanson. Qui n’a pas dansé là-dessus ? Qui ne s’est pas identifié, imaginé dans Sex machine ? Le succès ne tarde pas et Sex machine atteint la deuxième place des charts soul de Billboard. Le morceau original occupe les deux faces d’un single pour une durée légèrement supérieure à cinq minutes.

Mais l’histoire de Sex machine trouve en fait ses origines le 14 octobre 1969, quand Brown avait gravé une version différente de quelque onze minutes, que l’on retrouvera en septembre 1970 sur un album également intitulé « Sex Machine ». Ce qui n’est pas sans générer une certaine confusion, d’autant que King jugera bon d’ajouter différents effets pour faire croire qu’il s’agit d’un enregistrement en concert, ce qui n’est pas le cas… Bien plus tard, en 1996, cette même version, cette fois débarrassée de ses « artifices », figurera sur la compilation « Funk Power 1970: A Brand New Thang ». Bien entendu, James Brown reprendra très souvent cette chanson qui restera parmi les temps forts de ses spectacles, et on peut l’entendre sur différents albums live, dont celui qui témoigne de son passage à l’Olympia à Paris le 8 mars 1971, « Love, Power, Peace: Live at the Olympia, Paris, 1971 » (Polydor). Mais pour conclure, je vous propose d’écouter la version originale du 25 avril de Sex machine.
