
En Grande-Bretagne dans les années 1960, on ne comptait pas les groupes qui s’inspiraient du blues. Sans entrer dans les détails, certains ont continué de privilégier ce style (John Mayall), d’autres se sont davantage orientés vers le rock (Rolling Stones), et d’autres enfin ont musclé leur musique en jetant les bases du hard rock. Dans ce dernier domaine, Led Zeppelin est sans doute la formation la plus représentative. Le label anglais Jasmine Records a sorti trois rééditions le 14 novembre 2025 que j’ai choisi de traiter séparément car elles concernent des artistes et registres différents. Après Yank Rachell avec « Tappin’ That Thing 1929-1941 » et la compilation « The Adventures of Jole Blon », l’heure est venue de s’arrêter sur « The Songs That Shaped Led Zeppelin ».

Avec cette réalisation, Jasmine propose une sélection de vingt-huit chansons, des reprises mais aussi des adaptations. Led Zeppelin aimait beaucoup improviser et ne se contentait pas nécessairement de relire scrupuleusement de grands standards. Il pouvait ainsi modifier en partie les paroles et/ou des parties mélodiques, ou encore prendre des extraits de différentes chansons pour en faire une seule. Dès lors, cela engendrait des confusions pour attribuer les bons crédits, et d’aucuns y verront des subterfuges pour s’oblitérer des droits d’auteurs, ce qui vaudra au groupe d’être plusieurs fois poursuivi en justice. Autre conséquence, une partie du grand public pense que Led Zeppelin est l’auteur de certaines chansons qui sont en réalité des créations d’autres artistes. Mais comme le veut la formule convenue, ainsi va le « système »… Et la compilation de Jasmine, uniquement composée de versions originales, démontre toute l’influence du blues sur le groupe : sur vingt-huit chansons, pas moins de vingt et une sont des créations de bluesmen ! Voici cinq extraits : It’s Nobody’s Fault but Mine par Blind Willie Johnson (1927), When the Levee Breaks par Memphis Minnie et Kansas Joe McCoy (1929), Traveling Riverside Blues par Robert Johnson (1937), I Can’t Quit You Baby par Otis Rush (1956) et You Shook Me par Muddy Waters (1962).

