Backwards Sam Firk, né un 18 septembre

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Au début des années 1960 durant le Blues Revival, des Blancs impliqués dans la mouvance folk sont partis en quête de bluesmen noirs qui avaient cessé d’enregistrer depuis les années 1920 et 1930, ce qui les conduisit aussi à en découvrir d’autres qui n’avaient pas gravé la moindre face, comme Mance Lipscomb, Robert Pete Williams et « Mississippi » Fred McDowell. Nombre de ces « chercheurs » passionnés de blues originel, parmi lesquels figuraient d’authentiques ethnomusicologues, étaient eux-mêmes chanteurs et/ou musiciens et menèrent leurs propres carrières. Ils contribuèrent ainsi à la création du premier blues blanc américain, avec des artistes qui restèrent dans une veine folk blues (John Fahey, Leo Kottke, Dave Van Ronk, Eric Von Schmidt, Patrick Sky…), pendant que d’autres s’orienteront davantage vers ce qui deviendra le blues rock, Alan Wilson de Canned Heat étant sans doute le plus notable. Dans la première catégorie, le chanteur-guitariste Michael Stewart aka Backwards Sam Firk n’est pas le plus connu, mais il a joué un rôle non négligeable à l’époque, surtout en aidant les bluesmen noirs qu’il adorait, mais ses disques personnels sont également très intéressants.

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Il naît Michael Addison Stewart le 18 septembre 1943 à Asheville, plus grande ville de l’ouest de la Caroline du Nord. Comme ses initiales sont MAS, son père l’appelle Backwards Sam (ce qui signifie « Sam à l’envers » !), ce qui débouchera sur le pseudonyme Backwards Sam Firk qu’il adoptera dans les années 1960 pour sa carrière artistique. Très jeune, il apprend le chant et la guitare, s’inspirant totalement des pionniers du blues rural des années 1920 et 1930 dont il assimile le répertoire. Le 24 mars 1961, seulement âgé de dix-sept ans, il enregistre sept chansons sous le nom de B. Sam Firk pour le label Fonotone (le dernier à sortir des 78-tours) de Joe Bussard, sur lesquelles il fait preuve d’une étonnante maturité. Les disques sortent en 1962, et cette même année, il s’associe au chanteur-guitariste John Fahey, et en tant que Mississippi Swampers, ils gravent ensemble douze faces le 15 juin, mais seulement six sont commercialisées, les titres des six autres n’étant même pas connus…

Backwards Sam Firk, Memphis Piano Red et Sleepy John Estes, Brownsville, Tennessee. © : Adelphi Records.

Après quelques autres faces en solo en 1964, Backwards Sam Firk inaugure en 1968 le catalogue du label Adelphi Records de Gene Rosenthal avec son unique album complet sous son nom, « The True Blues and Gospel », sur lequel il est accompagné sur un de Stephan Michelson aux percussions (spoons) et de Tom Hoskins au chant et à la guitare. On les retrouvera l’année suivante sur un autre album Adelphi que Backwards Sam Firk partage avec Delta X (pseudonyme de Michelson), « Deadly Duo ». Hoskins n’est pas un inconnu : le 3 mars 1963, il a redécouvert à Avalon Mississippi John Hurt, qui n’avait plus enregistré depuis 1928. Backwards Sam Firk et Delta X réaliseront dix-huit autres chansons ensemble à la fin des années 1960, mais elles sortiront seulement en 2001 sur l’album « What You Think This Is » chez The Physical World.

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Backwards Sam Firk cesse ensuite d’enregistrer sous son nom mais il reste très actif, en prenant part aux campagnes de terrain d’Aldelphi dans le Sud pour sortir des bluesmen afro-américains de l’anonymat ou en aider d’autres dont la carrière marque le pas, et en accompagnant bon nombre d’entre eux sur leurs disques : Little Brother Montgomery, Jeanne Carroll, George & Ethel McCoy, Johnny Shines, Sunnyland Slim, John Lee Granderson, Big Joe Williams, Honeyboy Edwards, Furry Lewis, Bukka White, Gus Cannon, Mose Vinson, Henry Brown, Henry Townsend (avec lequel il enregistre un album en 1973, « Henry T. Music Man »), ainsi que Yank Rachell pour le label Blue Goose de Nick Perls. En outre, il recherche des disques rares de blues et de gospel (mais aussi de world music) et constitue une collection qui a peu d’égales. Enfin, il crée son label Green River Records sur lequel il sort des compilations avec les disques de sa collection. Backwards Sam Firk nous a quittés le 11 octobre 2007 à soixante-quatre ans, emporté par une crise cardiaque.

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Voici maintenant huit chansons en écoute.
Old country rock en 1961.
Barefoot mamlish blues en 1962.
Black swamper’s blues part 1 & 2 en 1962 par The Mississippi Swampers.
Green blues en 1962 par The Mississippi Swampers.
East St. Louis dry land blues en 1968.
I be’s troubled en 1968.
Ain’t but sweet sixteen en 1969 par Backwards Sam Firk & Delta X.
Dazed & confused en 1969 par Backwards Sam Firk & Delta X.

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