Ça s’est passé un 23 août : « I’d rather go blind » par Etta James

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En 1967, Etta James n’a que vingt-neuf ans mais déjà une douzaine d’années de carrière derrière elle. Toutefois, son album sorti en début d’année, « Call My Name », bien que produit par Leonard Chess et enregistré chez Cadet, une filiale de Chess, a connu un succès très relatif (42e place des charts R&B pour la chanson I prefer you). Leonard Chess convainc alors la chanteuse d’aller enregistrer le disque suivant aux studios FAME à Muscle Shoals, Alabama, tout en l’invitant à réorienter un peu son registre qu’il trouve trop « soul ». Les morceaux sont gravés entre août et décembre 1967, et l’album qui s’intitule « Tell Mama » sort le février 1968 chez Cadet. La chanson-titre permet à Etta James de renouer avec le Top 10 des charts R&B, mais l’album se hisse surtout à la 23e place du Hot 100 (les charts « grand public », en quelque sorte), une position que la chanteuse ne retrouvera plus malgré la suite très brillante de sa carrière.

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Le 23 août 1967, elle enregistre un single, avec donc Tell mama en face A dont je parle plus haut. La chanson en face B, qui ne sera pas un hit au moment de sa commercialisation, s’appelle I’d rather go blind et c’est un blues ! Elle a été coécrite par le producteur de Détroit Ellington « Fugi » Jordan (pendant qu’il purgeait une peine de prison…) avec Etta James, qui a associé au crédit son partenaire de l’époque, Billy Foster, le chanteur du groupe de doo-wop The Medallions. La formation qui entoure Etta est impressionnante, notamment la section de cuivres qui comprend deux membres fondateurs des Memphis Horns (le saxophoniste Floyd Newman et le trompettiste Gene « Bowlegs » Miller), et Charles Chalmers, saxophoniste et arrangeur qui a travaillé sur de grands succès de Wilson Pickett (Mustang Sally et Land of a thousand dances), Aretha Franklin (Respect, Chain of fools et Natural woman) et Al Green (Let’s stay together)… I’d rather go blind est aujourd’hui un classique du blues toujours au répertoire de nombreux artistes. Pour conclure, je vous propose d’écouter la version originale du 23 août 1967 de I’d rather go blind par Etta James, mais aussi son interprétation hallucinée de la même chanson lors du festival de Montreux en 1975.

En 1975 à Montreux. © : Photo123.ch