
Au sein d’une actualité très riche, je trouve enfin le temps de m’arrêter sur la récente disparition de Cool John Ferguson, survenue le 12 août 2025. Il avait soixante-et-onze ans. De ce guitariste d’exception (mais aussi chanteur convaincant), Taj Mahal disait : « [Il] fait partie des cinq meilleurs guitaristes du monde. C’est une force qui compte dans l’industrie musicale, dans la lignée de Jimi Hendrix, Wes Montgomery et Django Reinhardt. » Il y a sans doute un peu d’exagération dans le propos de ce cher Taj, mais cela donne une idée du respect de ses pairs à l’égard de cet artiste… Outre sa propre discographie, Ferguson a contribué à de nombreux enregistrements de la Music Maker Relief Foundation, dont il fut directeur du développement artistique, tout en participant dans le même cadre à des tournées partout dans le monde qui nous ont régulièrement permis d’apprécier son talent.

John W. Ferguson voit le jour le 3 décembre 1953 à Beaufort, une ville côtière de Caroline du Sud entre Savannah (Géorgie) et Charleston. Son père, John Wesley Ferguson, est diacre à la Beaufort New Church of Christ, et sa mère, Martha Jenkins Ferguson, vient de Saint Helena Island. Il est donc très jeune au contact de la culture et des traditions gullah de la Côte Est, que j’ai évoquées dans mes articles du 28 avril 2024 et du 28 octobre 2023. Extrêmement précoce, il apprend la guitare à trois ans, et selon Music Maker, à cinq ans, il se produit professionnellement à l’église, et en tant que Little John and The Ferguson Singers, il apparaît durant trois ans dans l’émission The Low Country Sing sur WCSC-TV (Channel 5) à Charleston. Il élargit ensuite son univers en écoutant en cachette WAPE, une radio de Jacksonville en Floride qui passe du R&B, de la soul, du blues, du jazz… Il suit un pasteur itinérant, Reverend Ike dans plusieurs États du Sud, joue de la trompette dans un marching band et rejoint le trio du jazzman Earl Davis avec lequel il apprend à lire la musique.

Ferguson doit toutefois travailler un temps dans l’aménagement paysager et le bâtiment, mais il souhaite se dédier entièrement à la musique. Ainsi, il joue et se produit durant cinq ans avec Stephen Best and The Soul Crusaders, son registre allant du jazz au blues en passant par le gospel. Il tourne à l’étranger et figure à l’affiche de festivals européens importants dont Lucerne en Suisse. En 1998, il s’installe du côté de Durham en Caroline du Nord où les locaux l’appellent « Cool John ». Ferguson est alors remarqué par Tim Duffy, fondateur en 1994 de Music Maker. Ce sera le début d’une longue et prolifique collaboration qui verra donc le guitariste apparaître sur de multiples albums de la fondation, dont il prendra également la direction artistique. Sous son nom, il a signé trois albums en 2001, 2002 et 2003 pour Music Maker, « Cool John Ferguson », « Cool Yule » et « Guitar Heaven », puis un quatrième en 2007 sur son label Cool John Records, « With These Hands ». On peut aussi mentionner les trois qu’il partage avec son vieux complice le chanteur Captain Luke, tous chez Music Maker : « Outsider Lounge Music » (date de sortie introuvable, mais l’enregistrement daterait de 2001), « Old Black Buck » (2007) et « Live At The Hamilton » (2014).
