
Dans un article du 27 juin 2025, j’ai présenté trente-trois livres parus ou à paraître cette année, en précisant que je comptais m’arrêter plus longuement sur les ouvrages les plus en lien avec l’objet de ce site. Je vous propose aujourd’hui The Resounding Revolution: Freedom Song after 1968 par Stephen Stacks (University of Illinois Press, 264 pages, 27,95 dollars), paru le 13 mai 2025. Au plus fort de la lutte pour les droits civiques, l’assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968 dans un hôtel à Memphis eut évidemment un impact considérable, et les artistes du monde de la musique furent parmi les premiers à réagir. On se souvient du pianiste-chanteur Otis Spann, qui dès le lendemain écrivit et interpréta sur le parvis d’une église à Chicago deux chansons, Blues for Martin Luther King et Hotel Lorraine. Elles seront ensuite enregistrées avec une troisième (Tribute to Martin Luther King), Spann s’entourant du groupe de Muddy Waters.

Le soir de ce même 5 avril 1968, le concert que doit donner James Brown à Boston est maintenu (et filmé) malgré les risques d’émeutes. Le Godfather débute son show avec Get it together, un choix délibéré, et l’ambiance est tendue (la scène est brièvement envahie et Brown demande aux policiers qui tentent d’intervenir de la quitter), mais le pire est évité. Trois mois après, le 7 août 1968, Brown écrira Say it loud – I’m black and I’m proud, hymne des droits civiques… Le 7 avril 1968, Nina Simone, artiste engagée s’il en est, se produit à la Westbury Music Fair à New York et rend un hommage appuyé et poignant au pasteur King avec des chansons comme Why? (The King of Love is Dead) et Sunday in Savannah, qui formeront plus tard avec Mississippi goddam « The Martin Luther King Suite ». Ce ne sont là que deux exemples en lien avec les musiques qui nous passionnent et cet événement tragique aura bien d’autres conséquences.

Mais le livre de Stacks ne s’arrête pas seulement sur cet épisode, et après une introduction (« Freedom Song after 1968 »), il revient sur ce que nous appelons les chansons engagées dites protest songs, et par extension freedom songs, dont il retrace l’histoire avant de proposer un essai qui avance des perspectives sur l’avenir de cette forme d’expression. À ce titre, son livre très complet se décline en cinq chapitres : « Memory, History, and Freedom Song », « Bernice Johnson Reagon, Freedom Singing, and Musical Coalition Politics », « Warren County, Environmental Justice, and Freedom Singing in Protest » et « Documentary Media, Freedom Song, and the Construction of Sonic Blackness ». Stephen Stacks est musicologue et professeur à la North Carolina Central University à Durham.
