
Casey Bill Weldon est souvent cité comme le meilleur adepte de la guitare slide avec la méthode hawaïenne, autrement dit avec l’instrument posé à plat sur les genoux. Certes, avant la Seconde Guerre mondiale, on comptait nombre de grands virtuoses de la technique dite en slide, qui ont d’ailleurs contribué à la création des premiers courants du blues rural, que ce soit dans le Delta, au Texas, sur la Côte Est et même à Memphis. Mais Weldon restera comme un des plus beaux stylistes de son époque. Avant de lui consacrer un portrait plus complet dans un article spécifique, je m’arrête sur une session plutôt singulière du bluesman à Chicago le 5 août 1937 pour Vocalion. Casey Bill est alors à la tête des Brown Bombers of Swing, qui, outre Weldon au chant et à la guitare, comprennent Clifford Medlock, Henry Singleton et Calvin Dillard aux chœurs, deux autres guitaristes et un batteur inconnus.

La chanson enregistrée ce jour-là, Guitar swing, porte parfaitement son titre. Le jeu de Casey Bill est éblouissant, sa maîtrise est totale et le swing jazzy qui s’en dégage irrésistible. Pourtant, Vocalion ne commercialise pas le morceau à l’époque, qui sera seulement édité bien des années plus tard. Mais le même jour, Vocalion réalise une autre prise, tout aussi brillante, qui cette fois sera bien mise en vente. Mais comme il faut deux faces pour faire un single, Casey Bill et ses Brown Bombers of Swing gravent le lendemain Walking in my sleep, une pièce toujours enlevée mais avec des textes plus « lestes » et humoristiques. Ces deux chansons constituent le seul legs des Brown Bombers of Swing, mais elles sont emblématiques de l’œuvre de Casey Bill Weldon, qui compte une bonne soixantaine de faces enregistrées entre mars 1935 et décembre 1938. Étrangement, on perd ensuite sa trace, et selon l’historien Jim O’Neal, il est mort en 1972. Voici les versions originales de Guitar swing et Walking in my sleep.
