Les disques de l’année 2025, # 6 : Charlie Musselwhite

© : Forty Below Records.

Pour la cinquième année consécutive, je vous propose ma liste des 10 disques qui ont selon moi marqué cette année 2025. Comme toujours, je vous rappelle qu’il ne s’agit pas d’un classement, mais seulement d’une liste de mes dix disques préférés. En revanche, début 2026, je publierai cette fois un véritable Top 10 de ces albums de l’année 2025. Comme l’année dernière, outre les disques, je vous proposerai aussi une liste de mes cinq livres favoris. Le sixième album est « Look Out Highway » par Charlie Musselwhite, sorti chez Forty Below Records. Lui aussi désormais octogénaire (il est né le 31 janvier 1944), le chanteur, harmoniciste et trop rare guitariste continue de nous épater. Sa voix traînante au phrasé bien particulier, grâce auquel il nous jette les mots en plein nez pour mieux faire mouche, reste une merveille de placement. Les mots manquent pour décrire son jeu d’harmonica, maîtrise des sons, des tempos, de l’intensité, c’est subjuguant ! Et l’inspiration est également toujours là, Charlie est en effet l’auteur des textes des onze chansons.

© : Michael Weintrob.

Pour mener à bien son affaire, il s’entoure de son groupe habituel composé de Matt Stubbs (guitare), Randy Bermudes (basse) et June Core (batterie), auxquels s’ajoute Kid Andersen (claviers, guitare, production), ce qui met à l’abri de toute mauvaise surprise. Dès lors, les artistes ne gardent pas le meilleur pour la fin. Avec sa rythmique percutante et syncopée et son harmonica, le titre d’ouverture (Look out Highway) met les choses au point, ce sera du blues et du meilleur. D’ailleurs, Charlie ne laisse pas de place au doute : « Look out highway, me and my baby come right on back to where the blues comes from, oh blues, don’t you call my name? » Il enchaîne avec Sad Eyes, très accrocheur avec des sonorités plus modernes et actuelles, et sur lequel guitare et claviers occupent plus d’espace avec justesse et goût. En seulement deux chansons, on sait que l’on tient un grand disque…

© : Profil Facebook de Charlie Musselwhite.

Le blues lent qui suit, Storm Warning, cultive la métaphore météorologique malicieuse : « Avis de tempête, ma chérie rentre à la maison! » Le groupe est d’une rare cohérence sur Baby, Won’t You Please Help, plus autobiographique sur l’errance (Clarksdale, le Tennessee, il faudra bien que je rentre un jour), un thème que l’on retrouve sur Highway 61 et Open Road, chaloupés et lancinants à souhait. Mais la variété est aussi au rendez-vous avec Hip Shakin’ Mama, presque speedé, le soul blues Ready For Times to Get Better avec le beau soutien de la chanteuse Edna Nicole, le shuffle Ramblin’ Is My Game. Charlie s’offre un instrumental à la guitare slide, Blue Lounge, et c’est absolument magnifique. Enfin, Ghosts in Memphis, sombre hommage à ses pairs de Memphis disparus (avec une intervention bienvenue du rappeur Al Kapone sur un couplet) prend aux tripes : « On dirait que les fantômes sont toujours en train de m’attendre, la musique semble convoquer les fantômes, les fantômes vivent dans la musique, ouais, ils me hantent, je ne suis pas fou, mes amis sont des fantômes. » Charlie Musselwhite conjugue le blues au plus-que-parfait. Voici bien sûr quatre extraits, Look out Highway, Highway 61, Blue Lounge et Ghosts in Memphis.

© : Discogs.