
Le film Cadillac Records (bande-annonce) raconte en fait l’histoire de Leonard Chess et du label qui porte son nom à Chicago. Réalisé par Darnell Martin, qui est aussi l’autrice du scénario, il est sorti en salles le 5 décembre 2008, il y a tout juste dix-sept ans. L’accent est mis sur l’âge d’or du blues moderne dans les années 1950, mais aussi sur l’ouverture progressive de Chess vers d’autres styles dont soul, gospel, rock ‘n’ roll et jazz. Au casting, Leonard Chess est incarné par Adrien Brody (Le pianiste, King Kong, Minuit à Paris, The Brutalist…), pendant que Beyoncé Knowles joue le rôle d’Etta James. Ceci n’a rien d’étonnant, car outre sa carrière musicale, Beyoncé apparaît dans de nombreux films, et souvent dans les premiers rôles. Plusieurs grands bluesmen revivent sous les traits d’autres acteurs : Muddy Waters (Jeffrey Wright), Willie Dixon (Cedric the Entertainer), Little Walter (Columbus Short), Howlin’ Wolf (Eamonn Walker), Chuck Berry (Mos Def) et Jimmy Rogers (Kevin Mambo).

Le titre du film, Cadillac Records, pourrait prêter à confusion : on se souvient en effet de Narvel Eatmon, mieux connu sous le nom de Cadillac Baby, fondateur à la fin des années 1950 de son propre label Bea & Baby, également à Chicago (mon article du 16 août 2019). Pourtant, ce choix est légitime. À ses débuts, Leonard Chess vendait ses disques stockés à l’arrière de sa Cadillac. Plus tard, Chess aura pour habitude d’offrir une Cadillac à ses artistes pour la sortie de leur premier disque. Enfin, Leonard Chess est mort en 1969 d’une crise cardiaque au volant de sa voiture, une Cadillac… Et le film a été bien reçu par la critique. La musique, produite par Steve Jordan (notamment ancien batteur des Blues Brothers et aujourd’hui des Rolling Stones), est remarquable et fait appel à des musiciens de renom : Buddy Guy, Billy Flynn, Eddie Taylor Jr., Danny Kortchmar, Hubert Sumlin et Bill Sims Jr. (guitare), Kim Wilson (harmonica), Barrelhouse Chuck et Leon Pendarvis (claviers), Larry Taylor (basse), avec Jordan lui-même à la batterie.

Le disque de la bande originale (« Cadillac Records – Music From The Motion Picture ») restera à la première place des charts « Top Blues Albums » de Billboard durant quarante-huit semaines. Et grâce à l’inévitable Beyoncé, elle vaudra même un Grammy Award au film pour sa reprise du hit d’Etta James At Last. Je vous propose d’ailleurs six extraits en écoute.
– At Last par Beyoncé (avec Larry Taylor, Billy Flynn…).
– No Particular Place to Go par Mos Def (avec Larry Taylor, Billy Flynn, Danny Kortchmar, Eddie Taylor Jr., Barrelhouse Chuck …).
– I’m Your Hoochie Coochie Man par Jeffrey Wright (avec Larry Taylor, Billy Flynn, Eddie Taylor Jr., Hubert Sumlin, Kim Wilson, Barrelhouse Chuck…).
– My Babe par Columbus Short (avec Larry Taylor, Billy Flynn, Danny Kortchmar, Eddie Taylor Jr., Barrelhouse Chuck …).
– Forty Days and Forty Nights par Buddy Guy (avec Larry Taylor, Billy Flynn, Eddie Taylor Jr., Hubert Sumlin, Kim Wilson, Barrelhouse Chuck…).
– Smokestack Lightnin’ par Eamonn Walker (avec Larry Taylor, Billy Flynn, Eddie Taylor Jr., Hubert Sumlin, Kim Wilson, Barrelhouse Chuck…).

