Ça s’est passé un 26 novembre : Mance Lipscomb, album « You’ll Never Find Another Man Like Mance »

© : Smithsonian Folkways Recordings.

« On ne trouvera jamais un autre homme comme Mance », pour reprendre le titre anglais, voilà une formule qui convient parfaitement bien à Mance Lipscomb. À l’instar de Mississippi John Hurt mais dans un registre différent, cet artiste occupe une place à part dans l’histoire du blues. D’une voix douce et posée mais expressive, il égrenait ses histoires qui empruntaient au blues et aux traditions folkloriques ancestrales, ce qui lui vaudra d’être qualifié de songster, de storyteller. Il fut aussi un extraordinaire guitariste, en particulier à la slide avec un canif dont il usait avec une dextérité stupéfiante. Contrairement aux pionniers du blues de sa génération (le Texan est né en 1895) qui enregistrèrent dès les années 1920, Lipscomb fera seulement ses premiers pas en studio en 1960, à l’âge de soixante-cinq ans.

© : Texas Farm Bureau Insurance.

Mance Lipscomb fait ainsi partie des découvertes majeures du Blues Revival, et son premier album « Texas Sharecropper and Songster » a inauguré en 1960 le catalogue du label Arhoolie de Chris Strachwitz. Six autres albums complets suivront jusqu’en 1973, tous d’un haut niveau constant qu’il faut d’autant plus souligner compte tenu du caractère de prime abord répétitif de sa musique. Le Texan gravera de nombreuses autres faces restées inédites de son vivant mais qui paraîtront ensuite à titre posthume sur plusieurs albums. Du 25 au 29 novembre 1964, Lipscomb était en quelque sorte « en résidence » au club The Cabale à Berkeley, Californie, où Strachwitz l’enregistra longuement. Sorti en 1978, « You’ll Never Find Another Man Like Mance » rassemble quinze plages enregistrées entre le 26 et le 28 novembre, treize chansons et deux courtes interviews. C’est un parfait résumé de l’œuvre de Mance Lipscomb, qui démontre en public tout le magnétisme qu’il dégageait. Dans son genre, un magicien, effectivement incomparable.

© : Stefan Wirz.