
Ce pianiste-chanteur texan a notamment accompagné Alger « Texas » Alexander et Lightnin’ Hopkins et enregistré un album mais sa mort prématurée l’a privé d’une carrière plus significative. Il naît Edwin Goodwin Pickens le 3 juin 1916 a Hempstead, une petite ville proche de Houston, Texas. Il apprend sans doute le chant et le piano dès l’enfance, car il tourne déjà à la fin des années 1920, alors qu’il est encore adolescent. Au cours de la décennie suivante, comme d’autres pianistes, il se produit beaucoup sur des sites d’extraction pétrolière, d’essence de térébenthine, et surtout des scieries (sawmills), et son style est d’ailleurs appelé sawmill piano. Sur ces chantiers qui emploient des centaines d’ouvriers, il est sûr de trouver un piano dans les clubs souvent clandestins, des juke joints ou barrelhouses, terme qui désigne aussi un style pianistique. Le jeu de ses adeptes, qui emprunte au ragtime, au boogie-woogie et au blues, est très puissant et rythmé pour se faire bien entendre en ces lieux forcément bruyants…

Pour ses déplacements dans l’immense Texas, mais aussi dans les États limitrophes dont la Louisiane, l’Arkansas, l’Oklahoma et le Nouveau-Mexique, Pickens utilise le train, en particulier sur le réseau Atchison, Topeka and Santa Fe Railway. Dès lors, avec d’autres pianistes itinérants (Black Boy Shine, Black Ivory King, Robert Shaw, Pinetop Burks, Roosevelt Williams, Rob Cooper et Andy Boy), il fait partie du Santa Fe Group. Après son service militaire durant la Seconde Guerre mondiale, il se fixe à Houston pour reprendre ses activités musicales. Pickens fait sa première apparition sur un single Gold Star du 13 janvier 1948, sur lequel il accompagne au piano le chanteur-guitariste Perry Cain et le bassiste Skippy Brown, puis il les retrouve à la fin de cette même année pour un autre single pour un autre label, Freedom. Il est présent en 1950 sur quelques faces dans la formation du saxophoniste Bill Hayes pour Sittin’ in With.

Toujours en 1950, il joue sur le dernier single réalisé par Alger « Texas » Alexander, avec le guitariste Leon Benton. Le 27 mai 1953, il est probablement au piano sur deux faces du chanteur-guitariste J.D. Edwards, avec Lightnin’ Hopkins à la seconde guitare. Le 9 et le 17 août 1960, Pickens est enregistré par Mack McCormick et Chris Strachwitz : quinze chansons (dont une réalisée avec McCormick le 4 mai 1961) sont rassemblées sur l’album « Buster Pickens », qui sort en 1962 chez Heritage. Le disque sera réédité en 1977 par Flyright, puis par Document sous le titre « The Complete 1959 To 1961 Sessions », avec un morceau supplémentaire, et un autre prêté à Texas Alexander, pourtant mort en 1954 ! Pickens apparaît ensuite sur trois albums de Lightnin’ Hopkins enregistrée en 1962, « Walkin’ This Road By Myself », « Lightnin’ and co. » et « Smokes Like Lightning ». La même année, on le voit aussi dans le documentaire The Blues de Sam Charters. Mais Buster Pickens ne profitera pas du Blues Revival pour étoffer sa discographie. Le 24 novembre 1964, au N.R. Lounge, un bar à Houston, il est abattu lors d’une bagarre suite à un différend pour 1 dollar… Il avait quarante-huit ans.

Voici maintenant six chansons en écoute.
– All the way from Texas en 1948 (au piano avec Perry Cain et Skippy Brown).
– Santa Fe train en 1960.
– She caught the L & N en 1960.
– Colorado Springs blues en 1960.
– Women in Chicago en 1960.
– Mountain Jack en 1960.

