Ça s’est passé un 21 octobre : premiers enregistrements de Blind Willie McTell

Fin des années 1920. © : Peermusic.

Si on vous demandait de citer selon vous les meilleurs guitaristes de l’histoire du blues, le nom de Blind Willie McTell n’obtiendrait sans doute pas le plus grand nombre de suffrages. Et pourtant… Dans un article du 5 mai 2019 (complété par une émission sur ma chaîne YouTube), j’écrivais à son propos : « Ses caractéristiques l’aideront à se forger un registre très étendu qui va au-delà du blues de la Côté Est auquel on l’associe traditionnellement. Son jeu de guitare, à la fois virtuose et très complexe, d’autant qu’il utilise aussi la slide, en fait un des guitaristes les plus accomplis du blues et même de toute la musique populaire du siècle dernier, qui influencera le folk, la country et le rock. C’était également un chanteur remarquable à la voix haute et claire. Autant de qualités qui lui permettront de jeter des ponts entre blues de Côté Est, Delta Blues, ragtime, country et même parfois gospel, c’est dire son rôle central, et il faudrait bien plus que [cet article] pour en donner la mesure. »

© : Stefan Wirz.

Il est effectivement rare de trouver un artiste d’un tel éclectisme, dont l’influence reste immense soixante-six ans après sa mort. Je ne m’attarderai pas aujourd’hui sur son parcours car je le fais dans l’article cité plus haut. Mais je vous propose d’évoquer la toute première séance d’enregistrement de McTell, qui s’est déroulée le 21 octobre 1927 (ou trois jours plus tôt selon certaines sources), il y a tout juste quatre-vingt-dix-huit ans. À l’époque, il n’a que vingt-quatre ans, mais il se produit dans les rues depuis sept ou huit ans, d’abord à Statesboro, une ville à l’est de la Géorgie, pas très loin de Savannah, où il a été élevé par sa mère. Mais il s’aventure aussi bien plus loin au nord, dans des grandes villes comme Augusta et Atlanta où il finira par se fixer. Et c’est justement dans la capitale de l’État qu’il va réaliser ses premières faces pour Victor, au nombre de cinq : Stole rider blues, Mr. McTell got the blues (deux prises), Writing paper blues et Mamma, tain’t long fo’ day. Outre son intérêt historique, cette séance se distingue car McTell joue de la guitare 6-cordes, alors qu’il privilégiera la 12-cordes pour la suite de sa carrière. Il continuera d’enregistrer abondamment jusqu’en 1936, puis plus irrégulièrement, en 1949, 1950 et 1956. Il nous laisse au total cent-vingt-neuf morceaux de très haut niveau. Blind Willie McTell nous a quittés le 19 août 1959 à cinquante-six ans.

En septembre 1956. © : Ed Rhodes / Blues Compartido.