
Dans un article du 27 juin 2025, j’ai présenté trente-trois livres parus ou à paraître cette année, en précisant que je comptais m’arrêter plus longuement sur les ouvrages les plus en lien avec l’objet de ce site. Je vous propose de commencer avec Searching for Jimmie Strother: A Tale of Music, Murder, and Memory par Gregg D. Kimball (University of Virginia Press, 306 pages, 29,95 dollars), paru le 4 février 2025. On sait bien peu choses sur James Lee « Jimmie » Strother ou Strothers, né en mars 1883 à Madison au nord de la Virginie. Chanteur, guitariste et banjoïste, il s’est produit dans un medicine show avant de devenir aveugle suite à une explosion dans une mine où il travaillait. Il se consacre dès lors à la musique et joue dans les rues, mais il tue ensuite sa femme avec une hache, ce qui le conduit tout droit en prison. Les 13 et 14 juin 1936, il est enregistré par Alan Lomax et Harold Spivacke pour la Bibliothèque du Congrès : huit chansons sont réalisées le premier jour et cinq le lendemain, et sur quatre d’entre elles, Strother(s) est accompagné du chanteur-guitariste Joe Lee, un autre détenu.

Il est libéré trois ans plus tard et revient vivre dans sa région natale, mais en 1942, on perd sa trace, et nul ne sait où et quand il est mort… Cet artiste n’était pas un bluesman à proprement parler mais les treize faces qu’il nous laisse sont très intéressantes. En effet, outre le blues, son registre très varié emprunte au folk, aux work songs, aux spirituals, au gospel et à l’old-time music, l’origine de certaines chansons qu’il interprète remontant au début du XIXe siècle. C’est ainsi le cas de Good shepherd, un hymne qui était déjà interprété en 1808 sous le titre Let thy kingdom, blessed savior. C’est donc un témoin unique de ces différentes traditions musicales… Dans un tout autre domaine, Good shepherd sera repris en 1969 par Jefferson Airplane sur son album « Volunteers ». Je conclus avec trois chansons en écoute, Thought I heard my banjo say, Tennessee dog et Goin’ to Richmond.
