Nick Holt, mort un 22 juin

Nick Holt à la Mutualité, Paris, 8 décembre 1978. © : Lionel Decoster.

La carrière de Nick Holt est étroitement liée à celle de son frère aîné Morris, que nous connaissons mieux sous le nom de Magic Slim. Nul n’a oublié la stature des deux hommes, qui culminaient autour des 2 mètres, d’autant que Nick a tenu la basse durant une quarantaine d’années au sein de leur groupe, les Teardrops. Fils de Nick Holt et de Pinky Taylor qui sont métayers, Nick Holt Jr. naît le 15 janvier 1940 à Grenada, Mississippi, une ville en bordure est du Delta où sa famille vient de s’installer. Dans cette région rurale, il participe très jeune aux travaux agricoles, et plus particulièrement à la cueillette du coton. Mais avec ses deux frères Morris et Douglas, Nick ne tarde pas à s’intéresser à la musique, s’essaie un peu à l’harmonica et joue de la guitare. Morris Holt part tenter sa chance à Chicago en 1955, notamment comme bassiste de Magic Sam, mais le succès n’est pas au rendez-vous et il revient même un temps à Grenada.

Les Teardrops le 5 mai 1975 au 1125 Club à Chicago. En bas de gauche à droite : Alabama Jr. Pettis, Nick Holt et Steve Cushing. En haut : Magic Slim. Photo : courtesy Steve Cushing.

Dès lors, l’aîné de la fratrie va apprendre la basse à Nick, mais aussi s’occuper de Douglas qui est batteur. Les trois frères fréquentent un autre bassiste, Robert « Dancin’ » Perkins, qui se fait aussi appeler Mr. Pitiful et dirige son propre groupe, les Teardrops. Quand il quitte la formation en 1965, il permet au futur Magic Slim de garder le nom du groupe. Nick Holt n’apparaît pas sur les premiers singles gravés à Chicago en 1966 par les Teardrops (orthographiés Tér-Drops par le label Ja-Wes !) car il a seulement rejoint le groupe l’année suivante. Mais en 1969, il est bien présent aux côtés de son grand frère sur deux singles du chanteur-harmoniciste Richard « Little » Hite avec ses Soul Rockers, toujours chez Ja-Wes, et sur lesquels la basse de Nick est très présente. Après cela, les frères Holt écument les clubs de la Windy City et leur réputation va grandissant.

Magic Slim, Nick Holt et Alabama Jr. Pettis. © : Jean-Pierre Tahmazian / Archives Soul Bag.

Ils doivent toutefois attendre 1975 pour enregistrer, désormais sous le nom de Magic Slim & The Teardrops, dans un groupe qui comprend, outre Nick Holt, le guitariste Coleman Pettis Jr. (sous le pseudonyme de Daddy Rabbit, qui deviendra Alabama Jr. Pettis) et le batteur Steve Cushing, qui est également producteur. Ce dernier est blanc, ce qui est alors peu courant dans les formations de blues à Chicago. Le 9 novembre 1976, la Française Marcelle Morgantini du label MCM les enregistre lors d’un concert au Ma Bea’s, qui débouchera l’année suivante sur la sortie de leur premier album, « Born on a Bad Sign ». Et la fratrie est maintenant au complet car Douglas Holt figure à la batterie… En 1978, on les retrouve sur un album studio, encore pour un label français, Black and Blue, « Highway Is My Home », avec des chansons qui deviendront des « hymnes » des Teardrops : Highway is my home, Living in my neighborhood, Country girl

© : Discogs.

Les Teardrops s’installent parmi les meilleures formations du Chicago Blues et vont le rester durant plus de quatre décennies ! Jusque dans les années 2000, Nick Holt est présent sur pratiquement tous les disques de son frère, mais aussi sur scène. Il joue même un rôle dans le recrutement : après la mort de Muddy Waters en 1983, c’est lui qui demande à John Primer de rejoindre les Teardrops… Très demandé, Nick apparaît sur les disques de bluesmen importants dont Lafayette Leake, Sunnyland Slim, Alabama Jr. Pettis, John Littlejohn, Big Voice Odom, Little Milton, Valerie Wellington, John Primer et Vance Kelly. Après avoir survécu à un cancer de la gorge en 1987, il a enregistré sous son nom un album complet sur lequel il chante (très bien) et joue de la basse, « You Better Watch Yourself », un autre avec son frère aîné, « Magic Slim & Nick Holt and The Teardrops – You Can’t Lose What You Ain’t Never Had », enfin un troisième qu’il partage avec Bonnie Lee et Earl Howell, « Classic Chicago Blues – Live & Unreleased », tous pour le label Wolf, qui comme trop souvent ne daigne pas mentionner les dates d’enregistrement… Installé à Lincoln, Nebraska, à partir de 1994, Nick Holt s’est éteint le 22 juin 2009 à l’âge de soixante-neuf ans, emporté par un cancer du cerveau.

Magic Slim, John Primer et Nick Holt. © : Serge Corriéras.

Voici maintenant huit chansons en écoute.
A while ago en 1969 par Little Hite & Soul Rockers.
Living in my neighborhood en 1978 par Magic Slim.
So mean to me en 1981 par Nick Holt.
As the years go passing by en 1981 par Nick Holt.
If it’s too late en 1982 par Nick Holt.
Have you seen my baby par Nick Holt.
One room country shack par Nick Holt.
The town I live in en 2000 par Nick Holt.

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