
Officiellement, le vingt-troisième festival Terre de Blues à Marie-Galante débutait vendredi 6 juin 2025. Après deux éditions un peu en retrait sur le plan artistique (surtout en termes de blues), qui succédaient de surcroît à la disette due à la pandémie de Covid-19, nous soupçonnions que Terre de Blues allait reprendre sa vitesse de croisière. Dès lors, on piaffait d’impatience. Car sur le papier, les groupes et artistes au programme laissaient augurer du meilleur. Même si la vérité ne vient pas toujours du papier, prompt(e) à s’envoler sous le souffle d’un alizé bien preste en ce début juin. Attirés par des vernissages d’expositions à Grand-Bourg, nous prenons la route de la plus grande ville de l’île dès le 5 juin. Au centre culturel, nous attendent les œuvres d’un collectif comprenant Patricia Lollia, Antonwè, Tony Boyer, Karoll Paturot, Astrid Billy et Nikki Élisé dans le cadre de l’exposition Terre de blues et d’art.

Sur la grande place de l’église, les conversations vont bon train en attendant l’ouverture, avec des proches et des membres de la famille de Patricia Lollia. Lollia ? Mais bien sûr ! Des descendants de Marcel Lollia dit « Vélo » (1931-1984), référence absolue du gwo ka auquel j’ai consacré un article le 5 juin 2024 à l’occasion des quarante ans de son décès. Et soudain, chacun s’aperçoit que nous sommes justement le 5 juin ! Dès lors, les échanges se tournent vers le maître tambouyé et son héritage qui continue d’influencer la musique guadeloupéenne. Le festival n’a pas encore commencé, mais déjà, la musique trouve sa place. Puis les portes de l’ancienne prison qui accueille le centre culturel s’ouvrent sur les œuvres des artistes qui associent pop art, influences amérindiennes, compositions sur matériaux de récupération inspirées de l’art pétroglyphe. En clôture, Astrid Billy, qui est également chanteuse, interprète deux compositions délicates.

À deux pas, dans la salle des délibérations de la mairie, Julienne Liva Vin, qui se fait appeler Twenty, propose l’exposition De verre et de papiers. Particulièrement colorées et vivantes, les compositions de l’artiste utilisent effectivement le verre pour l’habillage de bouteilles et le papier pour de subtils collages. Alors que nous quittions les lieux, un groupe de gwo ka s’est installé sur la terrasse, préambule à une soirée qui allait se prolonger plusieurs heures au son du gwo ka, des chachas et des chanteurs. Après le set de la mairie, deux autres shows, le premier à La Fourchette Gracieuse, le deuxième sous un grand chapiteau monté spécifiquement pour le festival, démontrent toute la vitalité de cette forme hautement excitante de la musique locale. Nous rendons les armes vers 2 heures du matin, mais une chose est sûre, Terre de Blues est bien lancé !

Le 6 juin au matin, jour d’ouverture de cette édition 2025, tout commence avec les conférences de presse des artistes et groupes au programme en soirée sur la grande scène de l’habitation Murât, en l’occurrence La Bande à Carnot, Big In Jazz et Joé Dwet Filé. Mais il nous reste une exposition à voir à la médiathèque Guy-Tirolien, …Et les couleurs parlèrent par Jae Jay. Ce jeune artiste de vingt-huit ans, qui partage sa vie entre la France et les États-Unis où il est d’ailleurs né, s’inspire du pop art d’un Andy Warhol mais aussi de la musique. Son grand-père, qui réside sur l’île, est d’ailleurs le guitariste du Marie-Galante Jazz Band, qui lors de notre arrivée jouait en proposant des variations sur West coast blues, l’inoubliable thème de Wes Montgomery. Il importe de s’arrêter sur ces opérations dans le cadre du festival, et je reviendrai ultérieurement sur ces expositions, dans un article avec des œuvres accompagnées de chansons par les artistes au programme de cette édition.

La Bande à Carnot nous avait charmés dès la conférence de presse matinale avec une interprétation a cappella de Péyi déwò, magnifique exemple de boulagyèl (1). Sur la grande scène devant un nombreux public, emmenés par leur professeure de musique Christine Chalcol, les élèves du lycée Carnot, âgés de quatorze à dix-huit ans, font preuve d’une étonnante maturité. Maîtrise des harmonies vocales, des polyrythmies, des arrangements, des instruments (dont du steel pan et une clarinette qui nous ramène à l’origine de la biguine), répertoire étendu qui met en avant la diversité des traditions musicales guadeloupéennes à toutes les époques, cette bande-là avait bien toute sa place à Murât. Ses membres n’ont pas seulement participé à la fête, ils y ont contribué de façon notable. Sonny Troupé, invité à jouer du gwo ka sur le deuxième morceau, ne dirait pas le contraire !

Un Troupé que l’on retrouve ensuite au sein de Big In Jazz pour une prestation qui rallie tous les suffrages. Des musiciens venus de Guadeloupe, de Martinique et d’Haïti, deux claviers, deux batteurs, des cuivres, une chanteuse-flûtiste, la machine à groove tourne à plein régime. C’est du jazz mais surtout une musique résolument actuelle sur laquelle on ne tient pas en place. Après un Troupé en effervescence qui rallume La chandelle d’Eugène Mona, Sylvain Joseph au saxophone, Stéphane Castry à la basse ou encore Yann Négrit à la guitare (parfois hendrixien !) se relaient pour tirer le show vers le haut. Mais aucun de ces artistes ne tire la couverture à lui (elle), tout se passe en parfaite osmose, en pleine cohérence, en totale communion, et s’achève en apothéose sur une lecture fougueuse du Come together des Beatles.

Après deux prestations de ce calibre, on se demande bien ce que va trouver le dernier artiste de la soirée, en l’occurrence Joé Dwet Filé. Eh bien, rien. Outre des textes pathétiques à l’eau de rose, il n’a aucune présence et ne sait pas gérer une scène qu’il passe le plus clair de son temps à arpenter de droite à gauche comme une âme en peine en oubliant de regarder le public. Il dégaine quelques remarques sexistes, reprend une chanson qui figure sur un récent single partagé avec Aya Nakamura (c’est dire la profondeur de son propos) sur fond de bandes préenregistrées (si, si, du play-back !), invite de jeunes spectatrices à monter sur scène pour danser mais en récompense une seule (dérangeant et maladroit), cède au bain de foule prévisible… Nous sommes face à un produit marketing préformaté et sans âme, « construit » sur une promotion appuyée par les réseaux sociaux et destinée à ce que j’appelle la génération TikTok. Mais à l’épreuve de la scène, les masques tombent. Ceci dit, je reconnais volontiers qu’une grande partie du public a d’évidence apprécié le spectacle, et après tout, c’est sans doute l’essentiel. Et nous verrons que tous les concerts qui suivront seront frappés du sceau de l’excellence.

Le lendemain, samedi 7 juin, Jontavious Willis va justement démontrer comment on prend la mesure d’une scène avec spontanéité et naturel quand tout n’est pas nécessairement réuni pour cela. Car le matin, le bluesman natif de Greenville en Géorgie nous a avoué qu’il se présenterait avec deux accompagnateurs, un bassiste et un batteur (2) avec lesquels il n’avait jamais joué ni même répété ! Quelques minutes lui suffisent pour prendre le pouls, et dès la deuxième chanson, Mean old world, il est en confiance et propose des choses rares à la guitare qui n’appartiennent qu’à lui, notamment en accords graves (essayez, pour voir). Sa voix toujours aussi expressive fait ensuite merveille sur le tempo plus lent de I’m gonna move to the outskirts of town. Puis vient l’incontournable Train song à l’harmonica, air traditionnel plus que séculaire auquel le public adhère sans réserve. En bon représentant du Piedmont Blues ou blues de la Côte Est (il a toujours vécu dans la région de Greenville en Géorgie), il livre une lecture de Make me a pallet down on your floor sur laquelle son aisance sidère, avant d’émouvoir sur Evil blues interprétée a cappella.

La guitare slide surgit en force sur Shake ‘em on down puis laisse la place à la ballade sombre Ghost woman (3) tirée de son dernier album « West Georgia Blues » (Strolling Bones Records). Jontavious met en effet un point d’honneur à écrire la plupart de ses chansons, même s’il propose aussi des reprises sur scène, surtout quand il s’accompagne de musiciens qui ne connaissent pas son répertoire comme ce soir. Dans un genre bien plus enjoué et léger, également tirée de « West Georgia Blues », Keep your worries on the dance floor ponctue ce show d’une variété exemplaire. Mais le public en redemande. Jontavious est le premier artiste rappelé de cette édition, il ne se fait pas prier et enfonce le clou avec T.V. Mama et une slide incendiaire. En seulement 75 minutes, Jontavious Willis, dont le registre semble illimité, a exploré avec brio les différentes facettes d’un Country Blues qu’il maîtrise et incarne aujourd’hui mieux que personne. Et dire qu’il n’a que 29 ans !

Il appartenait à Saël, qui s’exprime dans un tout autre style (reggae et dancehall), de maintenir l’ébullition. Ce sera le cas, et là encore avec cette spontanéité et ce naturel qui sont les clés d’une performance scénique réussie. Sympa, plein d’envie, mais aussi engagé avec des textes empreints de ferveur, le chanteur a su communiquer d’emblée avec le public, d’autant qu’il n’attend pas longtemps pour interpréter Marie-José, sa chanson en hommage à l’ancienne athlète guadeloupéenne. Sur Vivre est une chanson, bien soulignée par le saxophone, sa voix s’agrémente d’accents haut perchés d’un bel effet, les arrangements sont soignés, par exemple sur La vérité et la chanson-titre de son dernier album, « Puzzle » (Maestria), pendant que Tchimbé rèd pa moli est un autre temps fort. Un très beau concert dans un style qui ne m’est pourtant pas familier.

En présence de Burning Spear, il faut mesurer l’instant. Une gageure sachant que le temps ne se mesure pas, il nous échappe. Depuis son premier single en 1969, Winston Rodney aka Burning Spear chante, scande, éructe, danse, saute, tambourine, et chacune de ses interventions retient le temps. On connaît la chanson, ou plutôt les chansons : Chant down Babylon, House of reggae, Zion higher, Come come, Africa, Slavery days, One Africa, Happy day… De même que les messages, toujours aussi forts, le retour vers l’Afrique, l’esclavage… À 80 ans, Burning Spear conserve une réelle ampleur vocale, et sa scansion sur One Africa est même stupéfiante. Aux percussions, pas d’esbroufe, le toucher est juste pour mieux faire mouche. Enfin, le groupe est soudé et dans l’esprit qui sied à ce roots reggae intemporel, alors que Burning Spear guide vers ce mot qui conclut son concert : peace. Bien entendu, pour pleinement apprécier ce moment, il faut s’immerger dans l’univers hautement personnel de l’artiste. Sans omettre ce qu’il représente : il est le dernier représentant de cette génération d’artistes qui a « inventé » le reggae.

Pour la troisième soirée à Murât dimanche 8 juin, la présence de Delgres revêt une haute valeur symbolique. Pascal Danaë, le chanteur, guitariste et parolier du groupe, est en effet originaire de Marie-Galante par son père, natif de Grand-Bourg. Je ne m’étends pas davantage à ce propos car j’y suis récemment venu dans plusieurs publications sur ce site. Passons donc au concert qui débute avec Promis le ciel, chanson-titre churchy issue du troisième album du trio sorti l’an dernier chez PIAS, dont le texte à double sens donne le ton : « Sont arrivés en pleine nuit / Un p’tit peu après minuit / J’étais déja endormi / En 2 minutes ch’uis réveillé / J’me retrouve les chaînes aux pieds / Pas le temps de respirer / Ils ont fait un signe de croix / Et on était tous baptisés, baptisés / On m’a promis le ciel / En attendant ch’uis sur la Terre / À ramer. » Le premier sommet ne tarde pas : sur 4 ed maten (hommage au père de Pascal mais aussi aux Antillais venus travailler dans l’Hexagone dans les années 1960, chantée en créole comme nombre des chansons du trio), la « bête » mord et ne lâchera plus sa proie jusqu’à la fin du set.

On retrouve un certain désenchantement sur Walking alone et Pourquoi ce monde, avec un fabuleux son pénétrant à la guitare 12-cordes et un numéro de Baptiste Brondy derrière ses fûts. Sur Mettre les voiles, Rafgee pose son sousaphone pour un moment suspendu de grâce à la trompette (4). Le show progresse encore face à une audience abasourdie, avec des versions imparables de Mr President, Aléas, ou encore Respecte nou aux allures de boogie blues qui emporte tout sur son passage. La voix confine souvent à l’incantation, la guitare, la batterie et le sousaphone grondent, la transe opère et fusionne avec l’exaltation sur Mo jodi en rappel. Le concert du festival, et sans doute même bien plus que cela. J’ai récemment écrit par ailleurs que « le blues rock créole de Delgres fait partie des meilleures choses qui sont arrivées à la musique ces dernières années ». La venue de Delgres à Terre de Blues relève de la bénédiction.

En montant sur scène, Elida Almeida savait très certainement ce qui venait se passer avec Delgres. Mais pas de quoi la démonter ! Avec instinct et un naturel désarmant, la jeune chanteuse cap-verdienne tisse progressivement sa toile, avec son charme, sa sympathie et son humour communicatif, bien aidée par sa maîtrise du français. Elle a donc chanté de sa voix délicieuse, sensuelle et légèrement grainée, mais elle a aussi dansé, communié avec les spectateurs. Elida s’amuse, ça se voit et c’est contagieux, mais elle distille une musique très suggestive, accompagnée d’un groupe finalement peu étoffé (guitare, claviers, basse, batterie) mais très homogène et soudé. Ma méconnaissance du portugais (une langue magnifique !) ne m’a pas permis d’identifier les chansons interprétées, mais ce n’est pas une entrave pour ressentir l’envoûtement qui se dégage de cette autre performance profondément sincère et en tous points remarquable.

Je garde un excellent souvenir d’un concert de Yuri Buenaventura en 2002 au festival Sur la Route de Tullins (Isère). Vingt-trois ans plus tard, rien n’a changé, même s’il faut trois chansons pour que les sonorisateurs, avertis par les spectateurs et Yuri lui-même, s’aperçoivent que le volume de sa voix est trop faible. Après cela, chacun a pu constater que Yuri a conservé son énergie débordante, et qu’il est toujours aussi expressif avec sa gestuelle de chef d’orchestre qui colle aux interventions de ses musiciens qu’il pousse à se mettre en avant. Rien ne lui échappe, et il demandera même au cameraman officiel du festival de se déplacer car il empêche le public de voir le solo de son pianiste ! À son image, sa salsa reste percutante mais il se distingue aussi par ses textes engagés, ainsi sur Noy estoy contigo qui évoque la violence en Colombie, son pays natal. Parfaitement francophone, Yuri en profite aussi pour échanger, notamment le temps d’une parenthèse hilarante sous la forme d’un cours de salsa en 40 secondes sur Besame mucho. Il adapte son répertoire avec des boléros romantiques auxquels le public est très réactif (Historia de un amor), et reprend bien sûr lors du rappel Ne me quitte pas de Jacques Brel, le morceau qui l’a fait connaître alors qu’il chantait et jouait dans le métro et les clubs parisiens au début des années 1990… Enthousiasmant.

Cette dernière soirée à Murât, qui comptera dans l’histoire du festival, est d’ailleurs à prendre en exemple. Nous avions en effet trois formations dans des registres très différents, qui dès lors s’adressaient également à des publics tout aussi différents. Pourtant, les spectateurs sont restés du début à la fin, tout en « faisant la fête » à tous les artistes qui se succédaient devant eux. Et les deux autres soirées, à une exception près nous l’avons vu, furent également de superbes réussites. Sur le plan artistique comme populaire, cette édition de Terre de Blues est largement positive, et pas seulement parce que les deux représentants du blues (Jontavious Willis et Delgres) ont livré des prestations particulièrement marquantes. Le thème de cette année, « Voix et Vérité », a bien retenti partout et tout le temps. Soulignons l’essentiel : en rassemblant autour des musiques populaires traditionnelles et en contribuant ainsi à leur préservation, Terre de Blues joue pleinement son rôle.

Mon emploi du temps m’a privé des concerts de Krys et T-Vice lundi 9 juin au port de Grand-Bourg, dont le registre est de toute façon éloigné de l’objet de ce site, mais je sais qu’ils ont connu eux aussi un très beau succès populaire. Je n’oublie pas que le festival a offert en « off » de nombreux autres spectacles, en particulier d’excitants lewoz, j’en ai vu quelques-uns et j’en ai manqué d’autres. Côté blues, simplement en déambulant dans les rues, on pouvait croiser en action le duo composé de Jean-Yves Astier et Phil Zetwang, ou bien Richard Laville Chez Henri à Saint-Louis… mais il y a trop de choses à Terre de Blues !
Je conclurai donc en félicitant les organisateurs et programmateurs pour la mise sur pied d’un plateau qui fait de cette édition 2025 un très grand cru. Je remercie Laury-Anne Jibodh de l’agence Laujistick et son équipe pour l’accueil des médias. Enfin, je tiens à remercier très chaleureusement Sandrine et Denis de Teveka, la chaîne de télévision de Marie-Galante, grâce auxquels j’ai pu couvrir l’événement dans les meilleures conditions, et avec lesquels la collaboration se poursuivra, mais j’y reviendrai !

(1). Le boulagyèl ou bouladjel est une partie intégrante de la musique gwo ka (le boula est un tambour rythmique). Il repose sur des chants, des percussions vocales (onomatopées) et des battements de mains, mais aussi sur le call-and-response, avec un(e) soliste dont les phrases sont reprises par les autres membres du groupe. Ses origines sont très anciennes, et pour les esclaves, c’était souvent la seule façon de s’exprimer à une époque où les tambours étaient interdits. Ces caractéristiques ont des similitudes avec les percussions corporelles propres au hambone, au patting et au stomping que pratiquaient les esclaves aux États-Unis, et qui font partie des fondations du blues…
(2). Il s’agit tout simplement du batteur guadeloupéen Stevie Landre, musicien très demandé qui a travaillé avec Admiral T, Misié Sadik, Kassika, Dominik Coco, Kalash… Il mène également le Bompatak Show à Capesterre-Belle-Eau, qui tourne régulièrement avec des artistes de la scène guadeloupéenne. Durant le concert du 7 juin, Stevie a fait preuve d’une complicité manifeste avec Jontavious.
(3). Lors de notre interview en 2024, Jontavious m’a confié que pour écrire cette chanson, il était allé au cimetière et s’était agenouillé : « I went to the gravedigger and I fell down on my knees / And I asked the gravedigger give me back my rider please / Ghost woman why don’t you come around no more? / At least tell me why you had to go / I’m going to the river and sit flat foot on the ground / Just contemplating should I swim or drown / Well, that rising river well it sho look good to me and I wonder / Should it set me free? (…) »
(4). De son vrai nom Raphaël Gouthière, il obtient en 1998 un premier prix de trompette qui lui vaut d’entrer au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. 19
