
Le label anglais Jasmine Records a sorti ce 9 mai 2025 une anthologie de vingt-quatre chansons consacrée au chanteur-guitariste Mississippi John Hurt, intitulée « Ain’t Nobody’s Doggone Business ». Elle comprend d’abord les treize faces gravées par l’artiste en 1928 pour OKeh, lors d’une séance le 14 février à Memphis (deux titres), suivie de deux autres les 21 et 28 décembre 1928 à New York (onze titres). On relève que six morceaux supplémentaires enregistrés le 14 février de cette même année restent à ce jour inédits… Il n’empêche, les treize faces de 1928 sont historiques et mettent en avant les caractéristiques de John Hurt qui en font un artiste à part dans le blues du Mississippi : avec sa voix douce et son jeu de guitare d’une rare virtuosité, ainsi que son répertoire qui emprunte au blues, au gospel, au folk et au storytelling, il est inclassable et se démarque du Delta Blues. Peu d’artistes de sa génération peuvent lui être comparés, hormis le Texan Mance Lipscomb.

Mais Lipscomb, bien que né en 1895 (1892 pour Hurt), n’a pas enregistré avant 1959. Et Hurt, justement, a été redécouvert dans le même cadre du Blues Revival, en 1963, soit trente-cinq ans après ses premières faces. Jusqu’à sa mort en 1966, il a abondamment enregistré et enchanté les publics des plus grands festivals qui se l’arrachaient. Les onze chansons qui complètent la sélection Jasmine sont bien entendu tirées de cette période. Le label a pris la précaution de ne pas mettre de relectures de morceaux initialement réalisés en 1928, ce qui permet de mesurer l’incroyable aisance dont faisait preuve Mississippi John Hurt quelle que soit l’époque. De toute façon, peu importe les chansons choisies de sa part, tout ce qu’il a fait était d’un haut niveau uniforme. Certes, Hurt a déjà été très souvent réédité, mais cette sélection (au prix très raisonnable de 12 euros) est idéale pour aborder son œuvre significative et marquante.
